Quand Molière parle la langue d'aujourd'hui : résidence d'écriture 10 SUR 10

Que le temps tourne vite en ce monde !

À peine étiez-vous repartis que nous sautions dans l’avion direction Dakar, puis l’Arménie, et maintenant que nous avons enfin une minute pour y repenser, quel plaisir enfin de pouvoir le faire. Laisser la mémoire repartir vers le château de Brunów.  En traverser le porche les yeux levés sur sa façade de pierre aux allures d’église gothique, découvrir sa salle voûtée. S’installer à nouveau dans les vastes fauteuils rococo aux volutes d’or, poser son portable sur le guéridon aux pieds élancés. Humer encore une fois les effluves de café qui nous guidaient directement sur la terrasse pour un petit-déjeuner sous le soleil du matin. Pour les courageux car disons-le tout de go, il ne faisait pas chaud en Basse-Silésie en cette fin de mois de février. Mais qu’importe ! Nos cœurs étaient pleins de chaleur et la cave regorgeait de vodka. En piste donc, pour cette résidence particulière !

Sous le signe de Jean-Baptiste Poquelin

Foin de courbettes et politesses excessives, disons Molière. Tant il est vrai qu’au terme de ces 16 jours nous avons l’impression de le connaître, d’être de sa famille, parents proches même. 16 jours durant lesquels nous avons lu, relu et rerelu ses mots. Analysé ses idées, vécu avec ses personnages. Mieux même les avons ressentis jusqu’au plus profond de nous. Avons été Harpagon pleurant sa cassette, Agnès découvrant la force de l’amour, Armande refusant de se « claquemurer aux choses du ménage ».  Nous avons ramé avec Scapin, séduit avec Dom Juan. Le temps aidant nous sommes devenus familiers. Avons changé ses mots, tordu ses syntaxes. Délocalisé ses intrigues. En avons changé l’époque. Et même... Non, plus un mot. Ce que nous avons fait de Molière, des hommes des femmes qui ont servi ses mots, des histoires qui les ont portés, et bien vous le trouverez dans le tome 6 des pièces à jouer et à lire que 10 SUR 10 publiera bientôt (début juin pour être précis). 

 

Studieux est le mot

Studieux nous avons été. Vous avez été. Vous, les auteurs venus des quatre coins de la francophonie, de la Suisse au Québec, de la Belgique au Cameroun, de la France à la Guyane. Vous avez travaillé sans relâche à la réécriture des pièces du maître français afin de les rendre accessibles à ceux qui apprennent... Sa langue justement. Mais celle du XXIème siècle qui, vous l’avez prouvé, demeure la sienne. Bien vite chacun s’est installé là où il se sentait bien, sa chambre, un fauteuil du salon, un tabouret du bar, une chaise dans le parc. Ambiance cliquetis de claviers, frottements de papier, tintements de tasses et soucoupes. Bien vite les chats – qu’est-ce qu’il y avait comme chats ! – ont fait leur choix parmi vous et ont ajouté leurs ronrons aux sons devenus familiers. 

 

Et le soir

On se réunissait. Chacun lisait. On commentait. Les idées fusaient, l’on faisait part de ses doutes, l’on applaudissait. Certains « tenaient » déjà leur intrigue, d’autres la cherchaient, d’autres encore la perdaient en route et il fallait s’y mettre tous pour débusquer la coquine cachée dans les méandres de l’imaginaire.  Et puis bien sûr on rigolait.  Nombre de pierogi ont été sacrifiés et le fumet de la divine źurek, soupe délicieusement aigre de farine de seigle fermenté et légumes, titille encore mes papilles. 

 

Cocooning

C’est vrai, nous ne sommes pas beaucoup sortis. Pas de grandes virées aux alentours mais plutôt des petites balades à vélos ou à pied pour se dégourdir les jambes et s’aérer l’esprit. Par contre, nous avons reçus ! Que de visites ! Et pas des moindres : outre nos deux journalistes  Clément Balta de "Le français dans le monde" et Arnaud Galy d'"Agora Francophone" restés avec nous une petite semaine, nous avons eu le plaisir de recevoir nos partenaires de l’OIF Youma Fall et Nelly Porta, Laurent Muhleisen de la Comédie-Française, le photographe Émile Zeizig, Roselyne Marty et Fabienne Ricordel de l’Institut Français ainsi que Dorota Kosińska et Justyna Szulik de la ville de Zabrze où s’est tenue la résidence 2017. Des professeurs sont venus tout spécialement de République Tchèque pour rencontrer les auteurs, de même que les jeunes de Jelenia Gora accompagnés de leur professeur de français. Les échanges ont été des plus amicaux, et enrichissants pour tout le monde. 

 

Puis il a fallu repartir

Quitter le cocon qui s’était bâti autour de nous, fait de tentures, de lustres, de fauteuils douillets, de nappes rouges, de liquides ambrés. De rituels aussi chacun ayant si vite habité les lieux de ses habitudes. Une tasse laissée là, un foulard ici – celui de Lucie probablement, une caresse au chat – celui de Rebecca, les lunettes de Laurent, qu’il va chercher partout. Notre monde de deux semaines va bientôt reprendre son rythme à lui, un autre que le nôtre. Heureusement, il y a une dernière étape avant de nous séparer : cap sur Varsovie donc, pour le gala de clôture. Six heures de train à travers la Pologne, la capitale se mérite ! 40 invités aussi sympathiques que prestigieux venus fêter avec nous la fin de la résidence.

 

Merci à tous, à nos invités, nos visiteurs, nos partenaires.

Merci aux auteurs dont nous sommes impatients de (re)découvrir les lignes

À Jean-Baptiste, à qui nous devons tant.

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