Un festival 10 SUR 10 au Sénégal ? Absolument ! - l'interview avec les organisateurs

Si vous avez tout bien suivi – ce dont nous ne doutons pas – vous savez que nos deux premières semaines de mars ont été africaines. Pas moins de deux festivals 10 SUR 10 avaient lieu, le premier, au Sénégal du 2 au 7, le deuxième, du 9 au 11, en Guinée.

Nous parlerons cette fois Sénégal, où le festival était accueilli dans 3 villes : Saint-Louis, Dakar, Somone. Près de 700 élèves, 12 établissements scolaires, 17 pièces de théâtre, 4 auteures - Rebecca Vaissermann, Emanuelle Delle Piane, Isabelle Hubert, Said Ba -  venues de France, de Suisse, du Québec et du Sénégal même, voilà pour cette deuxième édition sénégalaise. 

Bien entendu, des ateliers ont été proposés aux jeunes de même que des rencontres avec les auteurs. Bien entendu aussi, les représentations ont été données devant un public en liesse ! 

 

Pour en savoir davantage sur le programme, vous pouvez cliquer ICI

Plutôt que de tout vous raconter sous forme de chroniques, nous avons pour cette fois fait le choix de laisser la parole à ceux qui ont organisé ces festivals sur place, en collaboration, vous allez le voir, avec de très nombreux partenaires aussi efficaces que motivés ! 

Annabelle OSTYN, directrice des cours et promotion du français de l’Institut Français du Sénégal a bien voulu répondre à nos questions, nous l’en remercions. 

K.S. : Comment a commencé votre coopération avec le programme 10 SUR 10 ? 

A.O. : À notre arrivée au Sénégal en 2017, avec l’attaché de coopération éducative, Xavier Wasson, nous avons voulu mettre en place pour la francophonie, une action originale autour du français qui pouvait aussi bien impliquer les élèves que les enseignant(e)s et les parents. 

Le théâtre scolaire nous est rapidement venu à l’esprit d’autant plus qu’un festival de théâtre scolaire avait déjà existé auparavant au Sénégal. Le Ministère de la Culture Sénégalais avait d’ailleurs mandaté en 2017, un auteur sénégalais reconnu pour porter un tel projet. 

Ce que nous voulions c’était promouvoir un français moderne. Xavier Wasson qui était en poste auparavant en Pologne, m’a parlé du projet 10 SUR 10 et nous avons été emballés. 

Nous avons donc contacté 10 SUR 10 pour lancer ce beau projet. 

K.S. : Qu'est-ce qui vous a incité à monter ce festival pour la jeunesse ? 

A.O. : La jeunesse est l’un de nos publics prioritaires à l’Institut Français et pour l’Ambassade. L’âge moyen au Sénégal est de 19 ans. Mener des actions pour la jeunesse prend donc tout son sens, peut-être plus ici qu’ailleurs. 

Nous avons beaucoup de partenaires francophones au Sénégal : la CONFEMEN, l’IFEF, la CONFEJES,  le Groupe des Amis de la Francophonie qui mènent déjà des actions sur le territoire. 

Nous ne voulions pas entraver leurs actions. Aucune action théâtre n’était mise en œuvre par la Francophonie. Ainsi, avec la Délégation de la Wallonie Bruxelles à Dakar, nous avons fait le choix de porter le festival ici et de l’orienter vers la jeunesse. 


K.S. : Avez-vous rencontré des difficultés dans la mise en place du projet dans votre pays ?

Le cas échéant quelles étaient-elles et comment les avez-vous résolues ? 

A.O. : Les enseignant(e)s ont tout de suite adhéré au projet grâce aux formations que nous avons pu mettre en place sur le territoire en partenariat avec Drameducation. 

Mais il est vrai que cela n’a pas été de tout repos. Cette année, nous avons coordonné 700 élèves et 28 classes. Si le travail des enseignant(e)s n’est pas simple pour choisir la pièce, mettre en scène et motiver les élèves, l’organisation logistique est un vrai casse-tête entre la production des goodies, la gestion des plannings, des repas, des lieux de représentation, l’organisation des transports. Cela d’autant plus que pour cette seconde édition au Sénégal, le festival s’est produit à Saint-Louis, Dakar et La Somone. 

Mais avec la persévérance et l’implication de l’équipe de 6 personnes investies dans le projet, nous avons su faire face aux aléas des préparatifs parfois stressants mais toujours dynamisants. 

Je tiens aussi à remercier les écoles et les élèves qui le jour de leur prestation ont montré à tous leurs grands talents de comédiens sur la scène parfois déstabilisante du grand théâtre national de Dakar qui peut accueillir jusqu’à 2000 personnes. 

K.S. : Quels ont été les facteurs qui vous ont le plus aidé dans l'organisation du festival ?

A.O. : C’est l’énergie humaine déployée par tout à chacun : équipes administratives, enseignant(e)s, directeurs d’écoles, élèves et partenaires (Bideew – Grand Théâtre de Dakar ) qui nous a permis de mener à bien ce festival qui s’est déroulé sans encombre pendant 6 jours consécutifs du 2 au 7 mars 2020. 

Chacun représente un engrenage du projet. Les élèves et les enseignant(e)s sont évidemment indispensables. Mais les directrices/eurs d’écoles sont tout aussi importants. Sans leur soutien, il est difficile pour un(e) enseignant(e) d’organiser les répétitions. Le soutien logistique de l’école est nécessaire. 

C’est la volonté de chacun d’atteindre le même objectif qui a fait de cette seconde édition un vrai succès. 

K.S. : Quelles sont vos impressions sur ce festival ? Quels sont les retours des professeurs et des jeunes ? 

A.O. : Le festival apporte des compétences à chacun. Il permet à une classe, une école de se fédérer autour d’un projet commun. Les enseignant(e)s nous ont fait part de leur satisfaction à participer au projet et comptent bien revenir l’année prochaine. Pour certains cela sera la 3ème édition. Ils nous ont accompagnés dès le début

La rencontre des écoles françaises, sénégalaises et franco-sénégalaises a permis également de créer une belle communauté autour de la langue française et de faire se côtoyer des élèves qui n’ont pas forcément l’habitude de se croiser dans leur vie de tous les jours.

Pour les élèves aussi ce fut un beau moment. Les plus timides ont pu prendre de l‘assurance sur les planches d’un théâtre national. Les plus actifs ont pu exprimer toute leur créativité. Ceux qui n’étaient pas très à l’aise avec le français ont su dépasser leurs craintes et leurs appréhensions pour nous donner de beaux spectacles riches en émotions et en couleurs. 

Tous étaient enchantés d’avoir eu la chance de rencontrer des auteurs, d’échanger avec eux sur leur métier. Certains ont même eu la chance de se produire devant l’auteur de leur pièce ce qui est inestimable. 

K.S. : Qu'est-ce que vous pourriez dire aux professeurs qui nous lisent et qui voudraient se lancer dans un projet théâtral avec leurs élèves? 

A.O. : Le festival est un projet qui se prépare bien en amont avec les élèves. Il faut choisir la pièce, distribuer les rôles. Ce n’est pas toujours simple de s’improviser metteur en scène même en étant passionné de théâtre. Mais une fois partie, l’aventure ne s’arrête plus. L’équipe organisatrice 10 SUR 10 est là pour répondre aux interrogations qui ne tardent pas venir. 

Les auteurs sont aussi disponibles pour répondre aux questions qui émergent face à leur texte. Et c’est l’un des aspects positifs du projet : pouvoir discuter avec les auteurs pendant la préparation de la pièce, voire les rencontrer lors du festival. 

Il y a des moments de stress, des moments de doutes. Parfois certains nous appelaient pour nous dire qu’ils voulaient arrêter, qu’ils n’étaient pas prêts, qu’ils n’y arriveraient pas. Mais au final ils sont restés, et ils ont eu la chance de voir des élèves sur scène investis qui menaient le projet jusqu’au bout. 


K.S. : Auriez-vous un conseil à donner aux futurs organisateurs de festival 10 SUR 10 ?

A.O. : Il y aurait plus d’un conseil à donner, mais s’il ne fallait en choisir qu’un ce serait de bien planifier en amont la préparation du festival. Nous avons mis un an depuis la communication pour inviter les écoles à rejoindre le projet aux préparatifs du jour J, en passant par la formation des enseignant(e)s. 

La liste des choses à faire chaque semaine devient primordiale pour respecter les délais. Mais avec une bonne organisation, le festival est un vrai plaisir et une belle récompense pour tous les efforts réalisés par chacun. 

Annabelle OSTYN

Directrice des cours de français de l'Institut Français du Sénégal

Attachée de coopération pour le français auprès de l'Ambassade de France au Sénégal

Katia SHAHOIKA 

Communication et développement 

Drameducation


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